Cimetière de la Chartreuse

Le Cimetière de la Chartreuse est un cimetière communal, essentiellement catholique, le plus grand de Bordeaux, qui s’étend sur 30 hectares environ.

 Sous l’Ancien Régime, la population est enterrée en pleine ville, surtout autour des églises de Bordeaux, comme à    St Projet et St Michel où l’on a découvert un charnier d’où  a suivi l’épisode des momies que nous connaissons bien…

A la Révolution, on décide d’excentrer les cimetières à l’extérieur des villes.

Le cimetière est implanté en 1792, sur les terrains des Chartreux récemment expropriés.

Son entrée fait face à l’église Saint Bruno   son mur de clôture longe la rue G. Bonnac, et au sud la rue de la Devèze.

La porte d’entrée est constituée de très beaux reliefs qui représentent de part et d’autre, la naissance et la mort.

 Passons l’imposante porte d’entrée… nous serons bientôt surpris par ce musée à ciel ouvert, d’histoire, d’architecture et de sculpture

Tout au long de notre visite, nous découvrons l’écclectisme de ces monuments funéraires qui varient en fonction  des époques, comme ceux inspirés d’Égypte   mode qui fait suite au retour  de l’expédition de Napoléon Bonaparte.

Aujourd’hui, les monuments imposants ne sont plus au goût du jour. Les chapelles sont apparues dans les années 1820 et sont très nombreuses dans le cimetière ; certaines ressemblent à de véritables petites églises...     On retrouve cet ostentatoire désir de paraître même dans la mort.

 On découvre tout un répertoire décoratif, se rapportant à la vie antérieure du défunt,  mais aussi des anges, des sabliers sculptés, qui symbolisent le temps qui passe, la fin de la vie ; et puis tout un bestiaire, la chouette  représentée comme oiseau « assimilé à la mort »,  gargouilles et chimères, et même un chat…      Il y a également un décor végétal de feuilles d’acanthes, de fleurs de pavot et le lierre est omniprésent comme preuve d’attachement.

 L’histoire de Bordeaux est sans cesse évoquée à la Chartreuse.

 

 Les tombes de la Chartreuse

 

Des anonymes mais aussi des personnalités y reposent. Personnages ayant participé à la vie politique de Bordeaux, mais aussi des ecclésiastiques, artistes, écrivains, et de grandes familles de négociants en vins bordelais.

 Près de l’entrée, un mausolée de 1920 appartenant à la famille Crozatier  représente une allégorie, peut être celle du repos éternel. Le personnage est couvert d’un linceul, dans une attitude de méditation, appuyé sur une colonne envahie de végétation. Cette statue est traitée dans un style réaliste.

 Un peu plus loin, c’est une tombe d’artiste qui nous attend,  Pierre Lacour   le peintre à qui l’on doit le célèbre tableau du port de Bordeaux, quai des Chartrons.  Sur sa tombe, une allégorie est allongée, on remarque la palette du peintre et un médaillon. On doit ce cippe à l’architecte Combes.

 Non loin de là, la plus ancienne tombe de la Chartreuse réalisée pour une anglaise qui vit à Bordeaux et qui meurt dans sa vingtième année, Nancy Andrews.  

 Le tombeau de la Famille Guibert,  constructeur naval, nous présente un décor d’ancre marine et d’amphore.

 Nous poursuivons par la chapelle de la famille Marmiche. Actuellement en rénovation, c’est la plus belle du cimetière, petite reproduction d’un temple grec avec ses pilastres et son fronton triangulaire.

  La chapelle de la famille Bounin-Seignouret est une transition entre le style classique et éclectisme, mélange de volubilis, couronnes et branches d’immortelles,  à l’intérieur, une « dormission de la Vierge. »

 Parmi les personnalités ayant participé à la construction de ce cimetière, on distingue Charles Delacroix,  frère du peintre Eugène, et préfet de Gironde pendant deux ans. Il est un des premiers personnages enterré à la Chartreuse. Son buste a  été commandé 40 ans plus tard par son frère.

 Certaines tombes sont construites pour marquer la présence de personnages  historiques à Bordeaux.

La stèle du colonel Deschamps : il est né et meurt à Bordeaux, avec une carrière militaire glorieuse au moment de l’épopée Napoléonienne. L’ensemble est sculpté en bas reliefs sur les quatre faces, et couvert d’attributs militaires.

 Un ange ailé en terre cuite est un peu amputé sur la tombe de la famille Lestonnat.

   Flora Tristan,   d’origine franco-péruvienne, femme de lettres et militante engagée , décédée en 1844  est inhumée dans notre cimetière bordelais. Elle est aussi la grand-mère de Gauguin. Une tombe très simple est réalisée au départ, puis elle fait place à un tombeau surmonté d’une colonne tronquée qui  symbolise la vie interrompue, elle est entourée de lierre et son sommet abrite son ouvrage majeur.

 La tombe Cabanes Mesnard, ou tombe à la lyre brisée est représentée par  un personnage androgyne assis sur un coussin dans une attitude de douleur exprimée dans le geste des mains et  le regard. Cette sculpture réalisée par Edmond Prévot en 1883 (à qui l’on doit aussi les statues des niches de l’hôtel de ville) est sans doute une des plus belles, et aussi des plus photographiées de la Chartreuse

 Le cippe de l’architecte Alexandre Poitevin (XIX° Siècle),  est décoré d’un médaillon représentant le visage d’une femme, allégorie de l’architecture. Il a participé à la construction des colonnes rostrales, et à la restauration de la façade de l’église Saint Éloi.

 Le peintre espagnol Francisco Goya meurt à Bordeaux en 1828. Il est inhumé  dans le cimetière des Chartreux, et c’est en hommage à l’artiste, qu’un cénotaphe est érigé , après que ses cendres aient été rapatriées en Espagne en 1899.

 Pour un des rédacteurs de la presse locale du XIX° Siècle, Henri Fonfrède,  c’est le sculpteur Maggesi qui réalise le buste, sous lequel il repose.

 Le tombeau du capitaine Catherineau  : il s’agit d’un marin dont le tombeau

 

 

…« la vanité ici a eu recours à la bêtise qui l’a bien secondée. Des pyramides de granit sont entassées sur des épiciers, des sarcophages de marbre sur des armateurs ; au jour du jugement ceux qui ont le plus de pierre sur eux ne seront peut-être pas les plus prompts à monter au ciel, chargés qu’ils seront du poids de leur orgueil »…